Stockolm syndrom... ou comment vouer un culte à son bourreau...

Arrivée au mausolée du "Chairman Mao" pour une petite visite de la dépouille de ce cher Monsieur Poil. L'entrée se fait par paquets d'une centaine de personne, tous les quart d'heure environ. En attendant, rangement en file indienne et marche au pas sur une ligne définie. Pas de photo, pas de sac, pas d'objet sur soi. Premier arrêt: achat d'une rose à 3Y. Des silhouettes s'échappent de la file parfaite pour se précipiter sur le petit fleuriste, et revenir à leur place le plus vite possible. La marche reprend, puis second arrêt, pour l'annonce de la vente d'un petit livret sur le Président. 1Y, la marche reprend. Entrée dans le vaste bâtiment. La file passe devant la statue en marbre du chairman, ceux qui ont acheté une rose vont se prosterner devant la statue en déposant la fleur à ses pieds. Silence obligatoire et couvre-chefs bannis. Deuxième salle. Le cadavre embaumé et ciré est enfermé dans un cercueil de verre. Il a le teint particulièrement frais et un peu trop rose. Interdiction de s'arreter, chaque ralentissement est sanctionné par un regard noir du garde. Fin du défilé, déjà dehors. La pièce suivante est la boutique souvenir. La tête du Président est déclinée sur toutes sortes d'objets. La foule est ahurissante. Quatre Français hébétés se regardent au milieu du magasin. Il viennent de voir un échantillon de 100 Chinois s'agenouiller devant celui qui les a si mal aimés.

(photo: moi -à Datong)