Une page se tourne, la fin d'une vie, le début d'une autre. Pékin, la ville mouvante comme le sable a disparu de mon regard. Elle n'est déjà plus, comme une vague qui balaye la plage et qui, en l'espace d'un instant s'efface et ne sera plus jamais la même, même si d'autres vagues, par miliers, balayeront le sable à nouveau. Le regard passe et Pékin change, et chaque oeil à chaque instant contemple une ville nouvelle.
Mais que devient mon regard quand la ville n'est plus? Que devient cet oeil bienveillant, l'oeil étranger, l'oeil du touriste, celui qui contemple avec une admiration toujours renouvelée? Mes paupières se sont fermées sur Pékin. Peut-être ma prunelle visera-t-elle à nouveau les pierres de cette géante, mais ce sera là encore une page neuve du livre de ma vie qu'il faudra entamer.
Cette soif d'images, ce regard neuf sur chaque objet, que devient-il quand, après le sommeil, ma vue s'éveille sur la bien connue, la bien aimée, mais la délaissée Aix-en-Provence?
L'homme et sa ville forment un couple. Ils s'aiment ou se détestent, mariage d'amour ou mariage forcé, évoluent ensemble, s'admirent puis s'oublient.
Aix mon épouse, Pékin mon amante. Quel doux adultère! Week end à Venise ou à Paris et ma ville ne m'en veut jamais.
Ravivons la flamme.
Et si, comme l'artiste baudelérien, je suis à cette vie comme à la maladie, à l'inconfort permanant quel que soit le paysage, alors je serai l'éternelle touriste, et je jetterai sur Aix le même regard que sur Pékin.
En quittant ce blog désormais clos, je vous invite à découvrir cet autre regard
Photos: Moi, parvis de l'Eglise Saint Jean de Malte