Quel est le lien entre mon directeur financier et mon directeur de mémoire ? Et bien figurez vous qu’entre les deux, j’ai découvert un génocide.
Le premier a mal au bidon. Un estomac un peu fada qu’il ferait bien de faire changer. « Un nouvel estomac ?! » me direz vous. C'est une idée saugrenue. Et bien c'est le second qui m’a donné la solution. Et quelle horrible solution.
Il y a quelques semaines, celui qui supervise mes travaux a trouvé que mon chapitre sur la liberté de religion était cruellement dépourvu d’une partie sur le Falun Gong. Je peux l’écrire ici en toutes lettres, mon blog est déjà censuré. En revanche, si je le fais figurer dans un email, il a toutes les chances de ne jamais décoller de ma boite.
Vous aviez déjà entendu ce nom là ? Moi aussi, comme tout le monde. Et j’espérais qu’on ne me demande pas de faire des recherches dessus. Je n’arrive déjà pas à organiser un voyage d’une semaine à Lhassa à cause des firewalls, alors je n’imaginais même pas taper Falun Dafa sous Google.
Mais le directeur de mémoire étant une chose rare et précieuse, je me suis armée de mon serveur Proxy et d’un complice français pour récolter des informations.
D’abord, découvrir la bête.
Sur les sites officiels, il m’apparaît un groupement visiblement inoffensif de personnes du monde entier, particulièrement des Chinois, qui prônent le pacifisme et conseillent la méditation. Pas plus effrayant que yoga.com et pas plus inspiré que les textes anti-militaires d’Einstein ou Mandela. En tout cas, rien de comparable au délire raélien consultable sur le site du mouvement.
Quant aux textes officiels de l’autre partie –le gouvernement chinois- impossibles à dénicher, du moins en versions traduites. Quelques vagues citations de discours : « le Falun Gong est une secte diabolique », sans argument cohérent.
Face à cette lacune dans le débat, mon cœur vacille déjà malgré moi vers les gentils gens zen en blanc. La seule chose qui m’évoque une secte est la jeunesse du mouvement -1992- créé par un Chinois joufflu et propret réfugié à Hong Kong. Mais est-ce là une raison pour brimer les adhérents ? Je n’ai pas encore résolu la question, mais c'est dans cette phrase que se situe l’énormité de ma découverte. Lorsque j’ai voulu creuser l’acception « brimades ».
Selon les innombrables articles que j’ai finalement réussi à consulter, le falundafien lambda a une espérance de vie particulièrement réduite. C'est un peu la St Barthélemy tous les jours. Disons plutôt que leur espérance de vie « entière » est réduite. Car si telle était la volonté de mon directeur financier, un membre de Falun Dafa pourrait bientôt être maintenu en vie… sans son estomac.
Avouons qu’un adepte de Falun Gong ne sert à rien. Il ne peut décemment pas être laissé en vie. On ne peux pas non plus les tuer tous, pour des raisons pratiques. Et il devient particulièrement ennuyeux de les torturer, puisqu’ils peuvent aux maximum livrer leurs congénères, n’ayant aucun plan machiavélique en tête. En bon communistes, décidons donc d’en tirer profit.

Et Dieu créa le trafic d’organe.

Tous les Allemands étaient-ils conscients de l’horreur nazie ? Cela semble aujourd'hui évident et pourtant, découvrir au bout de 7 mois le sort des Falundafien en me démenant sur Internet m’a fait réfléchir. Tant de choses se trament sous nos yeux et c'est maintenant que je suis au plus proche de l’horreur que je la vois le moins.

Des villes entières de provinces seraient impliquées dans un trafic d’organe. Pourquoi maintenir les donneurs en vie après opération ? Je n’en ai pas la moindre idée, mais ce qui semble ressortir de la plupart des articles.
Moyennant une somme coquette –décuplée en cas de client étranger- des hôpitaux de province fournissent et opèrent des patients des 4 horizons. Trop heureux d’avoir un rein ou une cornée, le malade blanc et riche ne pose pas de question. Il revit. Dans la cour intérieure de l’hôpital, une ambulance attend. Si le donneur ne s’en sort pas (ou un ancien donneur qui croupit depuis des mois avec l’hernie hiatale d’un directeur financier dans une cellule d’hôpital), il sera évacué et oublié quelque part.

Si le lien entre mes deux directeurs vous semble large, à quel point celui entre douleur et égoïsme l’est-il ?

(photo: je ne sais plus quel site, que le webmaster me pardonne ou se fasse connaitre s'il est couroucé...)

Pour aller plus loin: le site officiel du Falun Gong, le point sur les religions en Chine